Memories of Yannick (English version, translation of my previous contribution via ChatGPT)
I owe my first meeting with Yannick to Alain Blanchard, in Toulouse, on the occasion of an improbable foie gras competition between Toulouse and Strasbourg. It must have been early 1995. That was when I discovered the Toulouse dream team, with Yannick, Bernard, Guy, Geneviève, and the younger ones, Jean-Charles and Ludo…
This was also the beginning of my collaboration with Yannick and Ludo, although credit must be given where it is due: it was Ludo who convinced me, a few weeks later (?), at a Rencontres de Moriond meeting, that cosmic shear was not merely a theoreticians’ fancy. A few months later, we met again in Toulouse to move our project forward. That was when I discovered Yannick’s monumental capacity for work: he would start working very early in the morning after only a few hours of sleep, always positive, never weary, attentive to everything, and sometimes disarmingly generous in how selfless he could be. Far from the frugality—indeed, the asceticism—he later displayed, Yannick was at the time a lover of good food and fine wines. His wine cellar held real treasures, and I remember discovering with him some wonderful little restaurants around rue Daguerre after he settled at the IAP. The breadth of his intellectual interests extended well beyond astronomy, encompassing history and philosophy. He introduced me to remarkable works on medieval history and the history of religions.
Working with Yannick also meant discovering another world for me: that of astronomical observations. Yannick’s scientific legacy goes far beyond weak lensing. He was an outstanding observer. He knew the instruments of virtually every telescope on the planet inside out and followed the literature closely. With him, I learned what “air mass” was, the art of making flat fields, and the subtleties of CCD readouts. His commitment to science was total—at times, frankly frightening, so uncompromising was he. Yannick always showed unparalleled selflessness and dedication to the community. I still remember the stacks of observing proposals he evaluated for the TACs on which he served (ESO, CFHT, etc.), scrutinizing them in great detail during the quiet hours of the night.
This period culminated in 2000 with a first publication: the detection of cosmic shear—the gravitational lensing signature of large-scale structure in the Universe. Three papers announcing this discovery were published almost simultaneously. Quite honestly, what Yannick achieved with the CFHT data was by far the most convincing, yet he always insisted that the three papers be cited together.
Like for many of us, meeting Yannick changed the course of my career. He was one of my mentors within the community, from the leadership of the PNC (Programme National de Cosmologie) to that of the IAP, and of course within Euclid. But Yannick was also a victim of his own excesses. Still, in the face of illness, he showed a lucidity that was surprising, even disarming. He never complained about his fate; on the contrary, he accepted it fully. Many of us can only feel sorrow knowing that he will not be able to reap the rewards of his efforts with Euclid, but he himself never expressed the slightest regret. He wanted to efface himself behind the project, and if he took care of everything—unceasingly, to the point of exhaustion—it was not to put himself forward, but to ensure that the project would move ahead in the best possible way. In a sense, he knew that the scientific endeavor was greater than himself.
And that is his legacy: the few pages of the history of science that he wrote, and the many blank pages he leaves for us to complete.
Au revoir Yannick. Thank you for everything you have done.
Francis Bernardeau
Souvenirs de Yannick
C'est à Alain Blanchard que je dois d'avoir rencontré Yannick pour la première fois, à Toulouse, à l'occasion d'une improbable compétition de foies gras entre Toulouse et Strasbourg. Cela devait être début 1995. J'ai découvert à ce moment-là la dream team de Toulouse, avec Yannick, Bernard, Guy, Geneviève et les plus jeunes, Jean-Charles, Ludo…
Cela a aussi été le début de ma collaboration avec Yannick et Ludo, mais il me faut rendre à César ce qui est à César : ce fut Ludo qui me convainquit, quelques semaines plus tard (?), que le cosmic shear n'était pas qu'une lubie de théoriciens, lors d'un meeting des Rencontres de Moriond. On s'est retrouvés quelques mois plus tard à Toulouse pour avancer sur notre projet. Et là, j'ai découvert la capacité de travail monumentale de Yannick : Yannick était au travail dès le petit matin, après quelques heures de sommeil, toujours positif, jamais lassé, attentif à tout, et d'une générosité parfois désarmante tant il pouvait être désintéressé. Loin de la frugalité, voire de l'ascétisme, qu'il a manifestées plus tard, Yannick était amateur de bonne chère et de bons vins. Sa cave contenait des trésors ; et je me souviens d'avoir déniché avec lui de bons petits restos autour de la rue Daguerre après son installation à l'IAP. L'éventail de ses intérêts intellectuels dépassait aussi largement l'astronomie, avec l'histoire et la philosophie. Il m'a fait découvrir des trésors sur l'histoire médiévale ou l'histoire des religions.
Travailler avec Yannick, c'était aussi pour moi découvrir un autre monde : celui des observations astronomiques. L'héritage scientifique de Yannick va bien au-delà du weak lensing. Il était un observateur hors pair. Il connaissait parfaitement les instruments de tous les télescopes de la planète, suivait la littérature avec attention. Avec lui, j'ai découvert ce qu'était l’air mass, l'art de faire des flat fields et les subtilités des lectures de CCD… Et son engagement dans la science était total. À vrai dire, parfois effrayant tant il était sans concessions. Yannick faisait toujours preuve d'une abnégation et d'un dévouement à la communauté sans pareil. Je me souviens encore des piles de demandes d'observation qu'il évaluait pour les TAC dont il était membre (ESO, CFH…) et qu'il examinait en grand détail aux heures creuses de la nuit…
Cette période a culminé en 2000 avec la publication d'une première, celle de la détection du cosmic shear — signature, par effets de lentille gravitationnelle, de la présence des grandes structures de l'Univers. Trois papiers ont été publiés quasi simultanément annonçant cette découverte. Franchement, ce qu'avait fait Yannick avec les données du CFH était de loin le plus convaincant, mais il a toujours insisté pour qu'on cite les trois papiers ensemble.
Comme pour beaucoup d'entre nous, la rencontre avec Yannick a changé le cours de ma carrière. Il a été l'un de mes parrains dans la communauté, de la direction du PNC (Programme national de cosmologie) à celle de l'IAP, et bien sûr au sein d'Euclid. Mais Yannick a aussi été victime de ses propres excès. Il reste que, face à la maladie, il a toujours fait preuve d'une lucidité surprenante, désarmante. Jamais il ne s'est plaint de son sort, l'acceptant au contraire pleinement. Beaucoup d'entre nous ne peuvent qu'être tristes de savoir qu'il ne pourra pas récolter le fruit de ses efforts avec Euclid, mais lui-même n'a jamais exprimé le moindre regret. Il voulait s'effacer derrière le projet et, s'il s'occupait de tout, sans compter, jusqu'à l'épuisement, ce n'était pas pour se mettre en avant, c'était pour que le projet avance au mieux ; d'une certaine manière, il savait que le projet scientifique était plus grand que lui.
Et c'est là tout son héritage : les quelques pages de l'histoire des sciences qu'il a écrites, et les pages encore blanches qu'il nous laisse le soin de compléter.
Au revoir, Yannick. Merci pour tout ce que tu as fait.
Francis Bernardeau
Une Grande tristesse, Yannick Mellier a contribué beaucoup a la cosmologie moderne
depuis ses debuts avec les lentilles gravitationnelles, a continué au long d' années et avec la
mission spatiale Euclid.
Un chercheur et personne humaine, d' une grande qualité, gentillesse et disponibilité.
J'ai beaucoup echangé avec lui et apprecié ses qualités.
Il a montré toujours un grand courage, serenité et dignité, et en particulier face a l'adversité
de la vie.
J'adresse mes très sincères condoleances a la famille, collègues et amis de Yannick Mellier.
Norma Graciela SANCHEZ
The International School and Institute of Astro-Physics Daniel Chalonge - Hector de Vega
pays tribute to Yannick Mellier, the scientist and the human being,
and displays an international memorial.
Yannick Mellier was a speaker at the School's first Paris colloquia in the 1990s.
He demonstrated rigor, originality, clarity, and enthusiasm, combined with great kindness
and openness to all discussions and exchanges, qualities he always maintained.
The Daniel Chalonge-Hector de Vega International School and Institute extends its deepest
condolences to the family, colleagues, and friends of Yannick Mellier.
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International School and Institute of Astro-Physics Daniel Chalonge - Hector de Vega
L'Ecole Internationale et Institut d'Astro-Physique Daniel Chalonge- Hector de Vega
rend hommage a Yannick Mellier, le chercheur scientifique et la personne humaine,
et affiche un Souvenir tribute international a sa mémoire.
Yannick Mellier a été un conférencier dans les premiers colloques de Paris de
l'Ecole dans les années 90. Il faisait preuve de rigueur, originalité, claireté et
enthusiasme, alliés a une grande gentillesse et disponibilité pour toutes discussions
et échanges, qualités qu 'Il a toujours maintenues .
L'Ecole Internationale et Institut Daniel Chalonge - Hector de Vega presente ses
très sincères condoleances a la famille, collègues et amis de Yannick Mellier.
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Ecole Internationale et Institut d'Astro-Physique Daniel Chalonge- Hector de Vega
Les souvenirs se mêlent lors de la rédaction de ce témoignage... J'ai eu la chance d'effectuer mes stages de maîtrise et de DEA sous la codirection de Yannick. Son côté très pragmatique dans la vérification des hypothèses m'a beaucoup séduit et a clairement influencé ma manière de penser : sa méthode, très proche de l'ingénierie expérimentale, je la pratique encore largement aujourd'hui. Malgré mon changement de voie les années suivantes, quand je passais le voir toujours "fidèle au poste" à l'observatoire de Toulouse ou à l'IAP, il s'intéressait toujours aux thématiques que, désormais, je développais : il était curieux de tout. Précurseur pas seulement en sciences, je retiens aussi, que, il y a plus de 30 ans, c'était à ma connaissance la seule personne se rendant au travail en vélo : un comportement écologiste avant l'heure. Je retiens aussi sa première station de travail PC sous GNU/Linux dès 1994 : il était déjà promoteur d'une certaine indépendance technologique. Sa production en vulgarisation scientifique, "chronique de l'espace-temps", réalisée avec Alain et Guy, porte à jamais son paraphe dans ma bibliothèque. Tardivement, le petit écran lui avait aussi offert une vitrine où j'avais eu plaisir à le retrouver : l'espace d'un instant, entendre son timbre de voix si caractéristique me remémorait ces moments où la passion rencontrait la pensée.
Emmanuel Quémener
Reposez en paix Yannick vous avez été le meilleur chef que j’ai jamais eu toujours attentionné avec des mots gentils
Singsengsouvanh
Cher Yannick,
Bien qu'ayant quitté la fonction publique depuis de nombreuses années, je n’oublie pas les bons souvenirs que j'ai de toi et de TeraPix. J'éprouve une grande fierté d'avoir fait partie de l'équipe entre 2007 et 2011; c'est sans aucun doute ma plus belle expérience professionnelle.
J'ai eu la chance de collaborer avec des collègues exceptionnels, animés par leur passion, et je me souviens avec admiration de ton leadership au sein du laboratoire. L’annonce de ta disparition m’a profondément attristé.
Puisses-tu reposer en paix.
Mathias Monnerville
J’ai connu Yannick Meillier en 2004, en tant que professeur à l’IAP alors que j’étais en Master 2 d’Astrophysique et méthodes associées à l’université Paris 7 D. Diderot et l’observatoire de Paris-Meudon. J’ai perçu, lors du cours de Yannick en Cosmologie, en particulier sur les lentilles gravitationnelles, une immense maîtrise du sujet, un caractère posé, rigoureux, bienveillant, passionné et passionnant. Je souhaite témoigner mon profond respect, ma gratitude, ma grande tristesse, ainsi que mes pensées de soutien envers ses proches. La communauté d’astrophysique bénéficiera longtemps encore des apports déterminants de Yannick Mellier.
CONSTANTIN Pierre
Yannick, c'est avec beaucoup d'émotion que je viens d'apprendre ton départ.
J'ai eu la chance de travailler dans ton équipe Terapix de 2002 à 2005. J'ai découvert durant ces années combien tu étais passionné par ta quête, travaillant avec une intensité hors du commun.
Malgré cet emploi du temps surchargé, tu trouvais souvent un petit moment pour discuter et prendre des nouvelles. Et c'était avec plaisir que j'échangeais avec toi, dans un cadre plus large, sur les aspects épistémologiques de la matière noire et de l'énergie sombre. Nous parlions des dernières parutions sur ces questions et tu éclairais le débat de ta culture historique et philosophique.
Tu m'as permis de réaliser ce qui était pour moi un rêve, en m'approchant de grands projets et de grands instruments.
Lors de mon départ, tu m'as généreusement offert l'intégralité du Vocabulaire des philosophes, que je conserve précieusement.
Ce vendredi encore, je découvrais fortuitement, dans ton interview de 2009 à l'occasion de la réception de la médaille d'argent du CNRS, que nous avions en commun ce moment fondateur, ce séisme émotionnel comme tu le décrivais si bien, qu'est la vision de Saturne dans l'oculaire d'un instrument.
Tu auras parcouru bien du chemin depuis ce étincelle juvénile, nous léguant un projet fantastique, Euclid, avec tes travaux et toutes tes questions.
Toi qui voulais tant lever le voile de l'Univers sombre, te voilà aujourd'hui retourné aux étoiles.
Avec la satisfaction d'avoir fait progresser notre quête sur l'Univers, et dans l'assurance que tes recherches seront poursuivies.
Tu resteras bien vivant dans nos mémoires.
Merci pour tout, Yannick.
Gérard TISSIER
Je partage pleinement la grande peine de toute une communauté suite au décès de Yannick. Pour ceux et celles qui l’ont connu récemment, en tant que PI scientifique de la mission Euclid, je voudrais rappeler que sa carrière scientifique a commencé à Toulouse, en 1984 quand il est arrivé pour faire une thèse avec Bernard Fort. Ayant démarré ma thèse un an plus tard, moi aussi avec Bernard, nous avons travaillé ensemble dans un esprit d’équipe chaleureux et exaltant. Et c’est grâce à la confiance que nous a faite Bernard que Yannick et moi avons eu la chance et l’honneur d’observer sur le 3.6m de l’ESO à La Silla pour collecter, de manière acrobatique, le spectre du premier arc gravitationnel. Ce qui a permis de démontrer de manière définitive que ces arcs étaient bien dus à un effet de lentille gravitationnelle, assez inattendu à l’époque. L’émotion partagée dans la salle de contrôle du télescope était incroyable. La saga scientifique et médiatique était lancée ! Yannick n’a plus jamais lâché la science des lentilles gravitationnelles, qui a trouvé son aboutissement avec Euclid, satellite de l’ESA lancé le 1er juillet 2023.
Yannick a soutenu sa thèse en 1987, à l’Université Paul Sabatier. Il est resté à Toulouse jusqu’en 1996 pour rejoindre ensuite l’IAP. Et se lancer dans l’aventure de Terapix puis celle d’Euclid. A Toulouse il a formé de nombreux jeunes, qui ont ensuite fait de brillantes carrières: Jean-Paul Kneib (directeur du laboratoire d’astrophysique à l’EPFL en Suisse) puis Henri Bonnet (ingénieur en optique adaptative à l’ESO sur l’ELT) puis Ludovic van Waerbeke (professeur à l’Université British Columbia au Canada); sans compter d’autres, qui gravitaient autour du groupe de jeunes que nous formions tous ensemble, je pense en particulier à Roser Pello, une autre compère de l'époque. Yannick, par ses horaires « démesurés » était toujours là pour être de la partie quand il s’agissait de partager bonne chère et bons vins. Il était fin connaisseur et très gourmand.
Au cours de ces années il a tissé de nombreuses amitiés, profondes et durables et n’a jamais oublié « ses années toulousaines ».
Je n’ai pas grand chose de plus à en dire, juste une immense tristesse.
Geneviève Soucail
J'ai connu Yannick lorsqu'il était en DEA, au milieu des années 1980, puis partagé avec lui et ses collaborateurs la découverte de la nature des arcs géants lumineux. Yannick a toujours montré une immense ambition scientifique qu'il a réalisé avec le succès d'Euclid, et une immense gentillesse qu'il a toujours su partager avec toutes et tous.
Au revoir Yannick, tu nous manqueras beaucoup!
François Hammer