présentée pour obtenir le diplôme de
DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ PARIS VII (Denis Diderot)
spécialité : ASTROPHYSIQUE ET TECHNIQUES SPATIALES
Guillaume HÉBRARD
L'ABONDANCE DU DEUTÉRIUM,
DE L'ULTRAVIOLET AU VISIBLE
Cette thèse a été soutenue le mercredi 6 décembre 2000.
Jury : Pierre Léna, Michel Marcelin, George Sonneborn, Roger Ferlet, Daniel Péquignot, Alfred Vidal-Madjar.
Résumé :
Dans le cadre du modèle standard du Big Bang, le deutérium est
l'élément dont l'abondance primordiale est la plus sensible à la
densité baryonique de l'Univers.
Cet élément est uniquement créé lors de la
nucléosynthèse primordiale, quelques minutes après le Big Bang ;
aucune théorie standard n'en prédit actuellement d'autres
sources significatives. Au contraire, étant
brûlé dans les étoiles, son abondance D/H décroît
au cours de l'évolution cosmique.
Les mesures de D/H apportent ainsi des contraintes sur
les modèles de Big Bang et d'évolution chimique des galaxies.
On peut distinguer trois types de mesures de D/H :
les abondances primordiale, proto-solaire et interstellaire,
respectivement représentatives de l'Univers il y a environ 15 milliards
d'années, 4.5 milliards d'années et à l'époque actuelle.
Si l'évolution du deutérium semble qualitativement claire,
les résultats concernant ces trois types d'abondance ne convergent
pas pour l'instant vers trois valeurs bien définies.
Les travaux entrepris durant cette thèse sont reliés à la mesure de
l'abondance interstellaire du deutérium. Celle-ci s'obtient
habituellement par l'observation spectroscopique en absorption
des séries de Lyman de l'hydrogène
et du deutérium. Ces observations se font dans le domaine
ultraviolet, au moyen d'observatoires spatiaux.
Les résultats présentés ici ont été obtenus avec le Télescope
spatial Hubble puis le satellite FUSE, récemment mis en orbite.
D'autre part, une nouvelle méthode d'observation du deutérium a
été proposée, dans le domaine visible à partir de télescopes
au sol. Ce travail a mené aux premières détections et à
l'identification de la série
de Balmer du deutérium, observée en émission dans des régions
HII avec le Télescope Canada-France-Hawaii et le
Very Large Telescope.
Abstract:
In the frame of the standard Big Bang model, the primordial abundance
of deuterium is the most sensitive to the baryonic density of the
Universe. It was synthetized only during the primordial nucleosynthesis
few minutes after the Big Bang and no other standard mechanism is able to
produce any further significant amount. On the contrary, since deuterium is
burned up within stars, its abundance D/H decreases along cosmic evolution.
Thus, D/H measurements constrain
Big Bang and galactic chemical evolution models.
There are three samples of deuterium abundances : primordial,
proto-solar and interstellar. Each of them is
representative of a given epoch,
respectively about 15 Gyrs past, 4.5 Gyrs past and present epoch.
Although the evolution of the deuterium abundance seems to be
qualitatively understood, the measurements show some dispersion.
Present thesis works are linked to deuterium interstellar abundance
measurements. Such measurements are classically obtained from spectroscopic
observations of the hydrogen and deuterium Lyman series in absorption
in the ultraviolet spectral range, using space observatories.
Results presented here were obtained with the Hubble Space Telescope
and FUSE, which has recently been launched.
Simultaneously, a new way to observe deuterium has been proposed, in
the visible spectral range from ground-based telescopes.
This has led to the first
detections and the identification of the deuterium Balmer series, in
emission in HII regions, using CFHT and VLT telescopes.