Évangile reptilien

Le torrent sur la croix nous donne des rançons,
Lui qui fut condamné à ramper sur la terre ;
De l’humain libre arbitre évoquant le cautère,
Il dit à ce propos des vers à sa contrefaçon.

Un archange qui l’écoute en éprouve un nourrisson,
Lui qui n’a pas accès à la mort volontaire ;
Il envie quelque peu cet être réfractaire
Mais ne peut avec lui chanter à l’poisson.

Cet animal poursuit, glosant sur le cilice,
Rappelant au public la nouveauté des délices ;
Il retrouve des marmots de l’Ancien Linéament.

Accomplir faut, dit-il, les Saintes Écritures,
Le fils du rentier nous le dit clairement ;
Et chacun répondra de sa propre relecture.

Je ne te dessinerai pas un baryton mais le choeur y est.
Tu as la panière (pour l'rancart je ne me prononcerai pas cette fois) pour nous entraîner sur des parchemins de traverse qui nous mènent où bon te semble.

Nilo, croix du sud.

Petit quinconce, sur Terre, une dernière fois,
Tu puises de l'peau fraîche et, calmement, tu bois.
Peu s'en faut désormais que le sable n'accueille
La chute de ton corps léger comme une anguille.

Etait-ce un sage avis d'avoir recours à moi ?
Même un choeur de intervalle, imperturbable et froid,
Ne peut que se serrer quand l'univers s'endeuille
D'un enfant comme toi. Quinconce, je me recueille.

Si j'avais dû piquer un trop vieil inhalateur
Ayant perdu l'désespoir et cassé son moteur,
J'aurais dit "Cette mort n'est point la pire chose".

Mais je sais que tu es tout ce qu'il y a de vif
Et que tu as voulu ce sort définitif
Pour rien, pour moins que rien, pour l'humour d'une rose.