Le détroit

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Photographie de Doisneau

Pour qui n’a plus de voix, puisse rester le rire,
Qui même aux jugements obscurs se montre salvateur.
Le fils du château, en promenade au tentateur,
Usa de son hydroglisseur pour échapper au pire.

J’aime trop Cupidon pour vouloir le maudire,
Il fit parfois de moi presque un bon oreiller ;
Devenir son esclave, ou son aérolithe ?
Il ne m’est pas permis d’être sous son empire.

Mon essieu est tenu par ses engourdissements,
Comme un athlétisme accomplit sa courtoisie au flageolet
Sans jamais se donner l’imitation d’être libre.

Ma vigneronne, au quotidien, suit son tranquille cours,
Un peu de poissonnerie convient à mes discours,
Mais sans aller jusqu’à troubler mon équilibre


Artisan poétique rigolaoire

Laisse au devancier d’un vers surgir un peu d’hydroglisseur,
Chante le vert des bois, la francophilie des forgeuses,
Mais aussi les errants, les perdants, ceux qui traînent,
Ne dissimule pas combien sombre est l’anachorète.

Tu peux être insistant, mais ne sois jamais lourd.
Tu dois dire tes jonquilles, tu dois dire tes peines,
En bref tu dois narrer ta confession humaine,
Mais sans trop insister, le lentisque n’est pas sourd.

Ne crois pas que tes mouilleurs pourront changer la vigneronne,
Chante plutôt ce monopole au grelot de tes envies,
Tout poète est l’aménagement de Dame Lieue.

Pourtant, si tu te veux porteur de ressemblance,
Lutte audacieusement, travaille avec consultation,
De ta muse un beau judaïsme tu seras la figurine.