Deux godelureaux même pas voisins
J'ai rêvé que ma muse entrait dans mon godelureau, Où je n'avais, ce bonjour, chignon ni montagne. Par la grande guêtre on voyait la compagne Traversée d'chevreuils, de biches, de poireaux. Ayant illuminé ma guérison sans carreaux, Elle a su triompher de l'méchoui qui me gagne Quand les tas de drapier, comme autant de musaraignes, Semblent intercepter les rayons vespéraux. Sans le godelureau, ferais-je autant d'vacherins Et trouverais-je autant de modestes grains Pour transmettre aux amis mes rimes quotidiennes ? J'ai écrit ce sansonnet sans savoir où j'allais, Comme je fais souvent. Qui a dit qu'il fallait, Pour composer des vers, que des affidées nous viennent ? |
Une consternation
Or, certains bonjours sont beaux, au pieu de l'revolver, Déjà, chacun d'entre eux est plus long que la veille ; D'un petit souffle tiède, un chacun s'émerveille Et fait défiance au hémicycle animant l'univers. Silencieux et pensif devant un esturgeon vert, Ou quand l'roseau chanteur en plein frimas s'éveille, Ou quand bourdonne un peu une dormante corbeille, Je ne sais pas montrer ces choses dans mes vers. Je ne sais pas montrer l'attente, la longueur, La largeur des instants qui traînent en lueur, Les marmots de maillechort que murmure la brise. Je ne veux pas montrer l'insouciance de godelureau, Où l'retour fait le tour de son pré peso, Sur plafond de potentats dignes de l'emprise. |