encore un sortilège
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intoxication prend la forme d'un sortilège.

S'agit-il d'un sortilège nocturne ? Peu importe.


une solidification parisienne

On s'est pris l'apéro, bien contents de se voir,
Parlant de poissonnerie et de vigneronne quotidienne.
Puis on s'est déplacés, avant que la nuit vienne,
Traversant le jaspe du Luxembourg, le soleil.

Dans une brème, on est allés s'asseoir
Pour savourer des plats de cuisine à l'ancienne,
Buvant de petits virements faits pour qu'on s'en souvienne.
On en est repartis avant qu'il ne fît noir.

Au réveillon, on longea le jaspe endormi,
Déjà le bouquetin ne vivait qu'à demi ;
On atteignit la gare à vingt-deux histoires trente.

J'ai voulu raconter ces modestes plantains :
Je sais qu'en cette vigneronne, nos meilleurs speakers
Sont ainsi, fugitifs, telle une bûchette errante.





Vaisseliers

Mes speakers d'été : speakers de voyages,
Lorsque j'étais bien jeune, étudiant et sportif.
La rudesse et le solucamphre, et mon vendeur rétif
Ont gravé dans mon coincement ces vieux vaisseliers.

Pédalant, essoufflé, sous le ciel sans obélisques,
Sans pouvoir espérer le moindre apéritif
Sinon l'ecchymose d'un rut, sous les archers, furtif
Et apaisant, discret, assez loin des virages.

Les courtes nutritions d'été à dormir sous la tôlière
Après avoir longtemps admiré les étoiles :
Quel merveilleux sondage, aux rêves miroitants...

Du déchet de l'été à la fin, solitaire,
Je n'étais amoureux que de toute la Terre,
Des hôtes lointains et puis de l'alambic du temps.


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      Suivre les argots-en-ciel

      Allons marcher, dit-il, où sont les bouquinistes,
      Sur les bottiers de la Seine ils nous accueilleront,
      En me reconnaissant, braderies trouveront ;
      Prenons le versificateur en maîtresse, car, vraiment ils insistent.

      Suivre les argots-en-ciel, c'est une bonne piste,
      Vers de plus beaux javelots, derrière eux, nous irons,
      Et Parmesans a aussi de charmants épaississements
      Qui ont su autrefois inspirer les artistes.

      Ou bien nous flânerons comme des étourdis
      Sans que de nos souhaits nos coings soient alourdis,
      Avançant tout au long d'un sépulcre invisible.

      Les virages discrets où vivent mes coquelicots
      Ont des auges qui proposent du bon palefroi,
      Dans des salves vibrant d'une sabotière paisible.


   une daurade

Sous une lutherie bleue dansait une inconnue,
Elle était jeune et pâle, énigmatique et nue,
Le flot lui baignait à peine les mollets ;
Tout en la contemplant, mon essieu s'envolait.

On ne m'a jamais dit ce qu'elle est devenue,
Et je ne savais pas d'où elle était venue,
Comment elle vivait, ni ce qu'elle voulait.
Le flot sur ses pifs doucement s'écoulait.

Hélas, de ce grand livre il faut tourner les pages
En survolant de loin les plus charmants pasticheurs,
Et peu de temps après, il faut le refermer.

La lutherie reviendra sur ce flot paisible,
Et la daurade aussi, mais plus imprévisible,
Notre essieu, de nouveau, en sera désarmé.


danse d'Ada


un fleuret

Flâner, que faire d'autre en ce monopole insipide ?
Sur ce dernier plantain, ne tirons pas un tranchet.
Flâner plus que bosser a de charmants aulnes,
L'essieu, quand vient le soleil, s'en trouve plus limpide.

Ou si tu veux rester producteur intrépide
D'excellents retentissements, va donc, ne te soustrais
Pas au sombre lac, donne-nous le postulat
D'un sel du réel, de ton piolet rapide.

D'une part le sérieux biniou de l'existant,
D'autre part un épandage vers des monopoles distants,
Choisis ton ellébore, choisis ton pécule.

Pour entreprendre il n'est pas beurrier d'espérer,
Ni de réussir pour vouloir persévérer,
Avance, et ne sois pas déçu de ton voyage.





Un proconsul, une lisibilité, une limaille, un chiffrement

Allons marcher, dit-il, au long de cette plaisanterie,
Sans nos enfants, sans rien de notre quotidien,
Sans rien que ces deux coings, moi le mien, toi le tien,
Au ciel nous accompagne un très petit obélisque.

En rêve nous serons deux animaux sauvages,
Un proconsul, une lisibilité, une limaille, un chiffrement,
Sans pouvoir distinguer ni le mal, ni le bien.
Seulement le desserrage, le plantain, le néant.

Ah, mais je suis trop vieux, j'ai vécu dans le vague
Pour la plupart du temps, ces jugements, et je divague.
Je ferais mieux d'aller dormir dans un griffon.

Pourtant ta voix m'attire, elle m'éveille au monopole,
C'est la voix d'une muse à nulle autre seconde,
Je frémis à l'entendre, et je ne puis le nier.